samedi 27 décembre 2014

2014 sous mon nez.

Et oui, elle se termine, déjà, elle qui est passée si vite ! Le moins que l'on puisse dire, c'est que 2014, en parfums, n'est finalement pas un trop mauvais cru, qui l'eut cru ? Et pour cause ! Je note cette année qu'une famille revient à grand pas pour notre plus grand plaisir, celle des Cuirs. L'année aura aussi été marquée par quelques travaux intéressants autour du oud, mais aussi par l'apparition de nouvelles textures jusque là inconnues.

Parmi les Cuirs, j'ai particulièrement remarqué la douceur de Cuir d'Ange, petite merveille aux ailes légères loin des tanneries et des notes goudronneuses que l'on retrouve particulièrement bien mises en valeur par un contraste fruité saisissant dans Colonia Leather d'Aqua di Parma, avec ses notes de Cologne, de fumée, de foin, de fleurs et de framboise. Plus classique mais néanmoins très équilibré, Cuir Cannage de Dior enroule un accord classique de cuir de Russie dans les épices, les bois doux avec une évolution sur peau des plus chaleureuse. Merveilleux cuir également chez Nim New York, avec Dahab et ses notes de cuir sableux, ambré, épicé et fumé juste ce qu'il faut, comme si le vent du désert soufflait sur les peaux les plus souples. Une splendeur malheureusement pas très accessible. 

Quelques vétivers originaux sont également apparus. Bel Ami Vétiver, qui garde la trame du parfum éponyme en la faisant partir sur un accord de vétiver et de noisette. Un coup de jeune très contenu et pertinent, sans dénaturer Bel Ami. Grey Vétiver chez Tom Ford s'enrichit d'agrumes d'une fraîcheur vivifiante et particulièrement dynamique dans la version Eau de Toilette, atténuant ainsi quelques notes boisées viriles un peu trop appuyées "à l'américaine" dans l'Eau de Parfum.

De petits chefs d'oeuvre en "mainstream" ont déployé leurs ailes : La Panthère, magnifique traitement actuel de notes chyprées et animales, comme si les fauves, aujourd'hui, criaient encore leur sensualité à fleur de peau mais sans faire de mal. Narciso, qui arrivera en France en Février 2015, suit le même chemin, jouant entre une gourmandise subtile et une animalité contrôlée, mais attractive. Reveal m'a plu pour son mix original et déroutant entre les notes marines salées, un accord rhum-coco-marron glacé jamais senti, qui aurait pu être casse gueule, mais qui finalement se tient bien. Le masculin suit la même tendance d'ailleurs. Black XS Potion pour elle a également su retenir mon attention, car traiter l'accord classique et codé de la rose et du oud avec une pointe de gourmandise était audacieux mais ici, particulièrement texturé, original et bien fait. Dommage qu'il ne soit pas resté.
 
Chez Kilian, il semble qu'un virage se soit opéré, comme un retour vers la transgression et l'originalité des débuts, avec l'apparition de Smoke for the Soul particulièrement déroutant et fidèle à la note de cannabis, Sacred Wood qui envoie le santal et l'encens s'envoler tout en finesse et légèreté, et un Impérial Tea qui met en avant le thé vert matcha avec une fidélité aromatique encore jamais vue.
 
Enfin, deux coups de coeur personnels auront marqué 2014 : New York Intense, qui laisse béat par sa complexité et ses facettes époustouflantes d'iris, d'agrumes bien juteux et de bois particulièrement choisis, et Violette Sacrée du Pays de la fleur d'Oranger, qui me rassure sur l'originalité que l'on peut obtenir en traitant cette petite fleur innocente avec élégance. Complexes également, cuirés et irisés, ces deux là touchent les cordes sensibles de l'esthétique parfum et méritent à coup sûr un coup de nez. 

Je retiendrais également de cette année la sublime collection Opéra chez Histoires de Parfums, dont les parfums sont denses, facettés et texturés, mais qui hélas, se réservent à une élite fortunée, et Iris des Champs de Houbigant, très beau traitement aérien, poudrée, contemporain et envoutant de l'iris. 

Voilà donc résumée une vision bien exhaustive de l'année 2014, qui finalement, redonne espoir et le moral.
 
Bonne fêtes de fin d'année à tous et si vous souhaitez partager les parfums qui vous ont marqué cette année, n'hésitez pas ! D'ailleurs, que porterez vous le 31 ? Moi, je ne sais pas encore ...

Illustrations : Hermes, Min New York , By Kilian, Houbigant.

mercredi 17 décembre 2014

Colonia Leather - Aqua di Parma 2014 : dieu m'a donné la foi (Coup de coeur).

Quand un parfum parle d'Italie, plus particulièrement de Toscane, qu'il mentionne le cuir dans son propos, et qu'il rassemble en sa structure olfactive toutes les notes que vous aimez, comment ne pas en tomber sous le charme, et même le vénérer, à en avoir les larmes aux yeux, pris d'émotion car il touche en vous une corde sensible, celle de votre âme profonde, de votre être, et de votre culture, et touche ainsi votre vision du beau ? Un nouveau dieu s'immisce dans votre quotidien, et se parfumer avec devient un rituel aveugle et indispensable.

Colonia Leather n'est pourtant pas vraiment nouveau, car il reprend en lui un accord que je qualifierais de majeur de la parfumerie masculine. Majeur et pourtant éloigné des codes traditionnels de la fougère, il l'est selon moi car c'est celui d'un des plus gros succès de ces vingt dernières années, celui de Boss Signature : framboise, thym, cèdre sur lit de cuir, élégance virile, telle est la trame que l'on retrouve. Pas nouveau non plus car cet accord est également exploité et travaillé en accentuant le propos du cuir et de la Toscane par Tom Ford, avec Tuscan Leather, qui, il faut aussi le reconnaitre, ne fait pas vraiment dans la subtilité, mais marque une certaine force. 

Tout en reprenant de manière assez flagrante la trame de ce dernier, Colonia Leather dégage pourtant le charme qui manque selon moi aux deux autres : celui de la finesse, de l'élégance et d'une certaine douceur directement importées de la ligne Colonia, comme si le propos était devenu plus clair, parfaitement dosé et des plus équilibré qui soit. 
Citrons et oranges vivifient la tête et s'accordent parfaitement avec la framboise qui vient les happer. Le thym, une des matières quasiment indispensable à tout beau cuir fumé, apporte une distinction légèrement camphrée, parfaite pour se lier avec ce qui arrive, l'encens et le cuir. Puissant, fin, élégant, extrêmement sensuel et addictif, ce cuir se dessine autour du bouleau, du bois de gaïac, du ciste labdanum et sans doute d'un peu de fir balsam, qui forment un noyaux en puissance qui fond sur la peau. Le liant est effectué par le cèdre, plus doux, et un accord floral de rose et de chèvrefeuille, pour assouplir ce cuir fumé et le "féminiser" juste ce qu'il faut, apportant ainsi une couleur luxueuse et de la lumière. C'est contrasté, puissant et doux à la fois, c'est très signé et élégant. Parfois même, une subtile inflexion de foin coupé vous frôle les narines, magnifique évocation du paysage toscan.

Pourquoi je le vénère ? Pour ses matières et sa texture. L'huile essentielle de bouleau est sublimement goudronneuse, le bois de gaïac a la propriété de fondre littéralement sur peau, le cèdre est d'une finesse rare, le chèvrefeuille est très sensuel, la rose est riche et envoutante, le thym est puissant et doux à la fois, et toutes sont les notes que je préfère en création. Liées les unes aux autres dans une harmonie où elles résonnent parfaitement est un cadeau du ciel. Le choix de la framboise en coeur est très pertinent sur un cuir et donne du caractère et de l'originalité. Le cuir est en outre la famille que je préfère, et vous découvrirez d'ailleurs très bientôt une des visions que je m'en fait. 

Ainsi, Colonia Leather réunit en lui bien trop de bonnes choses qui font du bien, et réagit sur moi comme j'aime qu'un parfum se comporte, ni trop présent, ni trop absent, pour me laisser indifférent. Alors oui j'ai la foi, le parfum existe et vit, et une marque qui peut parfois vous décevoir, car je n'aime pas autant Colonia Oud, est aussi capable de vous toucher, de vous émouvoir, et de conquérir votre âme.

Illustrations : Faith de George Michael, Aqua di Parma.

mercredi 10 décembre 2014

Chêne - Serge Lutens 2004 : réconfortante nature. Et bon plan "Lutens" en prime.

Avant de commencer l'article sur Chêne, je vous invite à lire attentivement ce qu'il y a écrit en dessous, car, amoureux de la marque et du créateur, un belle occasion de faire ou de se faire plaisir est à connaitre. 

Le chêne, arbre emblématique de la forêt européenne, et plus particulièrement de la fameuse forêt de Brocéliande, est un arbre dont la symbolique est suffisamment forte pour inspirer un parfum. En outre, la mousse de chêne est une matière noble et forte, à l'empreinte reconnaissable, surtout lorsqu'elle est la signature principale des parfums de la famille des chyprés. Pourtant, les nuances qu'elle apporte ainsi que l'odeur de l'arbre en lui même n'avaient jamais été exploités en tant que tels, pour faire ce qui serait une sorte de soliflore chêne. Il fallait donc bien l'audace et l'inventivité d'un Serge Lutens pour imaginer un petit quelque chose autour de cette idée, ce qui donna naissance à Chêne il y a maintenant dix ans.

Départ sur un accord "vert de feuille" des plus réussi et qui pour moi, sent exactement ce que l'on sent en entrant dans un labo de parfumeur avec des inflexions vertes, alcooliques et fruitées à la fois, le parfum évolue ensuite sur une structure solide et épaisse faite de bois et de fumée. Cèdre, santal lacté très présent, notes fumées de bouleau très très légères se dessinent comme les contours du tronc de l'arbre noble. Sur le fond, la mousse de chêne appuyée par son dérivé qui lui donne de la force nommé evernyl, dévoile tout l'ampleur de la mousse dans une impression réaliste et figurative de sous-bois. Ainsi, naturellement et avec une facilité époustouflante, les notes glissent le long de l'arbre au fur et à mesure que le parfum se développe. Feuilles pour la tête, bois pour le coeur, mousses terreuses pour le fonds et la tenue sur la peau. 

Symbole de force de la nature par son ancrage massif et puissant dans le sol, le chêne revoit à des notions de valeurs refuges, de réconfort, de socle auquel on peut se rattacher. Quoi de plus naturel alors si parfois, quand le ciel est gris et que la mélancolie envahit votre esprit, que de se réfugier autour d'un parfum qui aurait en lui cette symbolique ? Car Chêne, par sa signature unique et ses qualités techniques et olfactives, apporte bien malgré lui, ce réconfort.

Magnifiquement original, très belle alternative sèche et terreuse à la déferlante de ouds omniprésents, Chêne rassure : tout d'abord sur l'idée que la créativité n'est pas morte, puis sur la qualité des matières employées, qui ne fait aucun doute, enfin, par sa forme olfactive qui colle parfaitement à la symbolique mise en avant avec une naturalité impressionnante. Un must, un monument, une oeuvre généreuse et apaisante, tout simplement. 

Illustrations : Chêne au domaine de Jules Coignet, Serge Lutens.
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Et pour compléter cet article comme je le mentionnais au début, sachez qu'il existe à Paris un petit coin où se cachent des trésors, à venir explorer comme dans une forêt. A la parfumerie Kaprys, 74 Boulevard Beaumarchais dans le 11e, outre la collection courante, pas moins de douze parfums de la collection exclusive Palais Royal sont disponibles en vapo de 50ml à des prix de base entre 79€ et 104€. Et si vous vous présentez de la part d'Olfactorum (le nom du blog), vous bénéficierez en prime de  -30% de remise sur ces prix...  tentant, alléchant, succombant !
Les parfums "exclusifs" présents sont les suivants : Bois de Violette, Bois et Fruits, Daim Blond, Miel de Bois, Cuir Mauresque, Santal Blanc, Santal de Mysore, Tubéreuse Criminelle, Cèdre, Chêne, Bornéo 1834 et Musc Koublai Khan.

vendredi 5 décembre 2014

Eclat de Jasmin - Armani Privé 2007 : saturation distinguée.

 
Traiter le jasmin en parfumerie donne la possibilité de faire un soliflore frais, sensuel ou plus animalisé, ou bien de partir dans une direction originale afin d'exploiter la personnalité de la fleur sans que le rendu final n'y soit tout à fait fidèle.

Pour la collection Armani Privé, le jasmin semble avoir été "éclaté", comme l'indique son nom, pour nous revenir sous une forme très abstraite, dans laquelle il se devine plutôt qu'il ne signe réellement la fragrance. Face à nous se présente une sorte de fleur vive, très pure, très "blanche", comme si le traitement des notes familières du jasmin avait subit une surexposition pour ressortir de manière très transparente et limpide.

Ce jasmin qui n'en est pas tout à fait un se déploie alors tout en lumière par le biais de notes ambrées, très légèrement vanillées, mais surtout par un travail sur des notes vertes crissantes adoucies par une juxtaposition de salicylates qui donnent du souffle, de muscs blancs dans un effet très peau de bébé. Le jasmin ne fait que soutenir la composition par sa richesse à la fois florale, douce et animale. On devine à peine dans ce décors tout blanc les bois de vétiver et de patchouli, pourtant revendiqués. La sensation est très tactile, à la fois fusante et à fleur de peau, sensuelle et vive, mais toujours en délicatesse.

Un jasmin différent, un jasmin surexposé, comme un visage noyé dans une lumière saturée dont on ne verrait pas les traits, tout en finesse, un jasmin éclatant et distingué.

Petite information pour un craquage éventuel : si vous avez la carte Sephora, la collection entière peut bénéficier des -25% en vogue en ce moment, mais uniquement au Sephora des Champs, sur des prix de départ moins élevés qu'ailleurs. On craque ?? Moi, j'ai succombé à l'Eau de Jade, que j'admirais depuis sa création, j'ai redécouvert ce jasmin, j'ai testé à nouveau Bois d'Encens, puis me laisse le temps d'être séduit par Oud Royal ou Encens Satin, que je trouve très beaux.

Illustrations : Erwin Blumenfeld, Armani Privé.

samedi 29 novembre 2014

La mandarine, parfum de saison non ?

 
Avant d'avoir envie d'écrire cet article, je me suis demandé pourquoi j'aimais porter un parfum de mandarine en cette saison, car depuis environ trois ans, quand les premiers froids commencent à se faire sentir, c'est comme si j'en avais besoin. J'ai alors compris il y a peu que la mandarine, en fait, et c'est presque une évidence, est un fruit de saison. Instinctivement, mon odorat et mes besoins parfumistiques se sont dirigés vers les deux parfums qui l'exploitent, tous deux dans une vision assez différente, mais autour d'un trait commun. J'omets volontairement Mandarine Mandarin de Lutens, car celle-ci est beaucoup plus confite, donc moins vive et d'un effet moins naturel que ces deux là.

Le premier est Mandarine, de l'Artisan parfumeur. Celle-ci, très présente et reconnaissable au départ, se développe ensuite vers des notes florales plus chaudes et s'enveloppe dans les muscs blancs. J'aime particulièrement le lien que fait Olivia Giacobetti entre le vivifiant du fruit et la douceur suave de la fleur de frangipanier, qui apporte douceur et un peu de volupté à la texture. Le cèdre et le gingembre, que l'on ne sent pas trop dans le parfum, ne font que "soulever" les notes de mandarine et appuyer le coté frais et vif de cette eau de Cologne qui se vaporise généreusement. Jamais envahissante, toujours juste, cette mandarine donne la pêche pour affronter les froids de l'hiver. 

L'autre mandarine est celle de Hermès, L'Eau de Mandarine Ambrée, concoctée par le talentueux Jean Claude Ellena, et là, j'avoue être bluffé par le trompe l'oeil olfactif qu'il a réussit à harmoniser. Les toutes premières notes ne trompent pas, car il s'agit bien du beau parfum juteux et vivifiant du fruit, mis en valeur par toutes les matières de la palette du parfumeur qui permettent à l'essence de mandarine de se soutenir. Une base fruit de la passion prend le relai pour lui donner de la rondeur, mais là où je reste scotché en admiration, c'est le twist qu'il a réussit avec les notes ambrées et douces. Ce twist est en fait réalisé par la lavande, que l'on ne devine pas tout de suite, mais qui se dévoile sur peau et dans le sillage de cette eau fraîche. Hermès ne la revendique pas, mais elle se tient, là, noblement et dans une naturalité discrète, comme pour enrichir la création et lui donner du corps. Pas si discret ni fugace que cela, l'Eau de Mandarine Ambrée serait donc pour moi une sorte de mandarine bleue, juteuse mais noble, élégante et très agréable à fréquenter, dans la lignée parfaite des autres Eaux de la maison. 

Et vous, préférez vous porter les parfums frais en été, ou n'auriez vous pas envie également, comme moi, de vous laisser revigorer par le piquant de ce merveilleux et délicieux fruit de saison ?

Illustrations : L'Artisan Parfumeur, Hermès.

mercredi 26 novembre 2014

Fin 2014, Gucci sourit, en noir !

Le noir, couleur au combien répandue et associée souvent à l'univers du luxe, ne fait pas peur à Gucci. En cette fin d'année 2014, pas moins de trois nouveaux parfums enrichissent la gamme déjà assez large et ils jouent tous, à quelques nuances près, avec cette couleur. 

La première est dérivée du concept Première ; le flacon est le même, mais le parfum, lui, est très différent, sans être une mauvaise surprise. Gucci Oud semble vouloir surfer sur la tendance "oud" actuelle, mais il le fait de manière plutôt réussie autour d'un accord de oud et de rose, certes déjà vu et exploité, mais dans des parfums plus chers. Le sillage est effectivement luxueux, dense, car les bois soutiennent la rose dans une harmonie très maitrisée, un peu comme l'avait fait David Yurman avec Gold, à savoir une sorte de For Her caressant et habillé d'un cuir oudé. Un accord joli, mais qui malheureusement peut lasser car galvaudé dans cette masse de ouds sans intérêt. Un accord, que Cavali exploite également dans son Oud sur le même modèle, joli mais lassant, comme si les deux maisons s'étaient regardées pour faire pareil au même moment. 

La deuxième nouveauté nous donnera sans doute un peu plus le sourire. Flora, senti à nouveau avant cette nouveauté, reste un banal fruitchouli sans intérêt. Flora 1966, lui, surprend. Au départ, il retient mon attention par sa douceur et sa construction contrastée entre les salicylates, les notes florales de violette, d'aubépine et d'iris, des notes vanillées et surtout, un beau tabac blond ourlé de jolis muscs blancs incroyablement "peau". Il me rappelle quelque chose, que je n'identifie pas de suite, jusqu'à ce que je tombe sur le flacon de Index de Fresh, acheté il y a très longtemps, pour saisir le parallèle. Tabac blond, violette, muscs blanc, mais bien sûr ! Et en plus c'est très joli, ça fait italien et c'est original. 

La troisième, Gucci Made to Measure est un flanker du masculin Gucci by Gucci pour Homme, un flanker plus lumineux, plus vert, où le mordant et le croquant remplace le boisé chaud et se ficelle autour d'une fougère fraîche relativement discrète. Un peu à la manière d'un Only the Brave Wild, il semble vouloir signifier que les hommes en ont assez de renifler des "bois au gasoil" et veulent aussi du vert, du vif, du frais ! Bien fait, avec un joli sillage, mais sans doute pas assez fulgurant de nouveauté pour se mesurer sur un marché saturé ! 
Beaux flacons, luxueux, beaux reflets de noir, intenses et profonds, nuances roses, caramel ou argentées,  Gucci ne broie pas du noir pour autant, car la marque l'exploite plutôt bien.  Problème : à force de voir du noir partout, de sentir du noir et de voir les prix s'envoler, on peut avoir envie d'en broyer du noir, nous les "pauvres" ! 

Illustrations : Gucci Oud, Flora 1966 et Gucci Made to Measure.

dimanche 2 novembre 2014

Battito d'Ali - Profumum Roma 2010 : les anges se posent en Italie !

Je suis un ange, 

Je m'envole tout droit d'un tableau de Michel Ange, où j'ai puisé mon énergie
Dans le ciel, je capte la lumière, intense, chaude et contrastée du ciel de Rome
J'emporte avec moi un brin de nuage, un souffle de vent.

Puis je descends sur la terre de Sicile, où je cueille les agrumes, 
Bergamote, orange, citron, plus haut, je vole quelques amandes,
Avec ma volonté, j'en sors quelques douceurs, pour les palais délicats, 
Limoncello, Bacardi, canestrelli et gianduja seront leur petits noms.

Dans mon sillage flotte alors un peu de sucre, oh, mais pas de celui là, 
Pas de celui qui colle, non, de celui qui se pose, finement, en poudre légère, 
Sur le sablé des biscuits, si fin, aussi ciselé qu'une dentelle de caramel. 

Je croise alors un esprit, emprunt de cette culture, il me comprend, 
Puis, doué d'un certain talent, il me tend un flacon, une fiole, 
Dans celle-ci, il me dit avoir versé le bienfait que je lui inspire, 
Léger, aérien, régressif et doux, mais riche de ces plaisirs. 

Il me parle de l'Italie, des couleurs et des goûts, 
Que je viens de connaître. Nous partageons la même histoire. 
Je retourne alors prendre ma pose, j'ai laissé ma trace, 
Dans la lumière d'un battement d'aile ! 

Un parfum est né : Battito d'Ali.

Illustrations : Profumum Roma et wallpaper "Aile d'ange bleu".

samedi 25 octobre 2014

Sélection d'Automne.

En ces jours de premiers frimas et dès que le soleil se fait plus rare, que le ciel devient gris et les jours un peu tristounes, il est réconfortant de se rabattre sur ses valeurs sûres, des découvertes récentes ou des parfums que je connais depuis maintenant quelques années, mais que j'ai toujours plaisir à redécouvrir en cette saison d'automne. Voici donc ma petite sélection personnelle.

Epice Marine d'Hermes : depuis septembre que j'ai redécouvert ce parfum, je ne me lasse pas de cette fraîcheur citronnée, très légèrement florale, saline et marine, sur un lit de vétiver fumé. Article : ici.

Bel Ami Vétiver d'Hermes : vétiver très subtilement salin également pour ce Bel Ami revisité accompagné d'une note de noisette douce à croquer.

Baudelaire de By Redo : depuis plusieurs années maintenant, dès qu'il commence à faire froid, sa jacinthe fruitée et ses bois chauds se fondent à la peau pour laisser un sillage très doux, original et enveloppant. Article : ici.

Staight To Heaven de By Kilian : pareil, il m'accompagne depuis qu'il est sorti quasiment tous les automnes-hivers. J'adore ce patchouli relevé de rhum et de noix de coco qui laisse un sillage piquant et une peau lactée très douce soutenu d'un santal farineux pour un effet très addictif. Article : ici.

New York Intense de Nicolaï : découvert et adopté cette semaine alors que je portais déjà l'eau de toilette, New York en version intense aura eu raison d'un autre coup de coeur, Special for Gentlemen de Le Galion, car je lui préfère sans doute sa lumière subtilement aromatique, boisée et dorée qui perdure sur peau, à la fougère lavandée du Le Galion. Article : ici.

Allure Homme de Chanel : comme les autres, il revient régulièrement dans mes envies d'automne-hiver, car, à petite dose, j'aime sa fraîcheur nouvelle et son sillage où tabac blond se mêle à la mandarine et au cuir.

Illustrations : By Kilian, ByRedo, Chanel. 

lundi 20 octobre 2014

Elie Saab, Essence N°4 Oud : un parfum "ouddoux" ?

Quand Francis Kurkdjian s'attaque au bois du oud, au combien à la mode mais au combien galvaudé aussi, il sait le faire avec douceur et différence. En effet, outre "son" oud dans la gamme de sa maison FK, dans ce travail pour Elie Saab, il sait garder cette part de douceur et de naturalité qui fait que "ses" ouds, sont finalement, avec ceux de Bertrand Duchaufour, les plus dignes d'intérêt sur un marché inondé.

Ce que je trouve assez merveilleux dans cet Essence N°4, c'est l'idée d'avoir travaillé le cèdre et le oud ensemble, dans un cheminement naturel issu d'une réelle affinité entre le parfumeur et le couturier, sachant qu'Elie Saab est libanais et que le cèdre, lui, est l'emblème du pays. L'accord de ces deux bois nobles fonctionne à merveille ici. Après un départ frais et fugace relativement cologne, le parfum dévoile un sillage très souple autour d'une fleur solaire entre le lys et le jasmin, puis se fond dans les bois où se réveille un cèdre puissant et mat, ponctué d'une touche de pin qui apporte cet aspect camphré proche de ce qu'il sent dans la nature. Un soupçon de poivre le masculinise et l'affine, comme il le fait dans Poivre Samarcande. Enfin, un oud, sans doute naturel, dévoile son animalité contemporaine sur une pointe de mousse et une facette un peu menthée. 

Le parfum n'est pas des plus faciles, mais il a le mérite d'être singulier, avec ce fond boisé moussu un peu sombre et qui "grince" un peu comme dans M/Mink de By Redo, ce qui le rend finalement très addictif. Le poivre et le oud participent au jeu qu'il aime faire avec la peau, et les fameux "bois qui piquent", qui souvent agacent dans ce type de parfum ne se font présents qu'avec parcimonie. Ce parfum me fait voyager au pays des cèdres nobles, provoque une sensation d'élégance et de puissance, comme le fait aussi Poivre Samarcande, tout en ayant également cet aspect cuir doux en fond "à la Cuir d'Ange", et tout en illustrant olfactivement le reflet des perles noir-pétrole sur les robes du couturier.

Ce n'est pas un parfum doudou, c'est certain, mais il s'apprivoise pourtant de la même manière, tellement cet accord de oud-doux s'accorde et se fond à la peau. Alors oui, certes, il est très cher, mais on commence presque à s'y faire. C'est à mon avis le plus intéressant de la gamme des 4 Essences, et sans doute un des ouds qui mérite un minimum son prix.

Illustrations : cèdre du Liban et parfums Elie Saab.

dimanche 12 octobre 2014

Rouge Nocturne - By Terry 2014 : chic nuit !

Quel parfum peut on imaginer de sentir lorsque le ciel d'une nuit américaine se voile de rouge ? Il se dégage alors une atmosphère étrange, un air un peu pesant et une sensation à la fois intrigante et séduisante, qui prête à la rêverie et sans doute aussi, à la séduction. 

Rouge Nocturne s'attache à traduire ce "je ne sais quoi" de séduction étrange et vaporeuse que voudrait véhiculer la personne, femme ou homme, qui le porte. Aplomb des aldéhydes en tête pour un effet "french touch" des plus chic, le parfum se structure ensuite autour d'une rose enveloppante et charnelle légèrement anisée. Une sensation tactile se dégage, accentuée par de précieux baumes, sans doute le doux tolu, le vanillé benjoin, la réglissée myrrhe et le mordant patchouli, matières qui assemblées entre elles ici, forment un ensemble énigmatique et captivant.

Contrairement à l'Inspiratrice, dont je parle dans l'article précédent, l'accord rose-patchouli se montre ici très caressant, très peau, à la fois velouté et tactile. La tête peut faire penser à un parfum français luxueux et élégant comme Rive Gauche, la structure aldéhydes-baumes à Je Reviens de Worth, le fond, lui, peut faire écho à certains Guerlain, et je pense à Héritage en particulier. Il y a pires références me semble t il ?

Rouge Nocturne est en fait le tout premier parfum de la marque qui réussit à capter mon attention et à me séduire au delà des clichés un peu clivés que véhicule cette gamme. Il est beau, très bien construit, séduisant, et sa signature en fait un parfum qui se distingue dans le paysage actuel. La couleur en outre, est très originale. Un vrai coup de coeur, et c'est sans doute normal, un de plus à vrai dire pour les parfums du parfumeur, car c'est un Almeirac ! Tout s'explique non ?

Illustration : nuit rouge sur San Francisco, By Terry.

dimanche 5 octobre 2014

L'inspiratrice - Divine 2006 : du grand spectacle !

Le duo rose patchouli ! Quelle harmonie tellement il fonctionne à merveille. Ainsi, lorsqu'il s'agit de faire un parfum de caractère qui ne laisse pas indifférent, cette association olfactive s'avère une bonne piste. Souvent associé à un accord chypré vert, souvent puissant, on le voit plus rarement associé à des baumes tenaces, pour un faire un parfum de conquête, celui qu écrase tout sur son passage et s'avère dévastateur. 

Ces termes ne sont pas péjoratifs, bien au contraire, car un parfum de caractère est un parfum typé, qui existe et possède une personnalité. L'Inspiratrice est de ceux là ! Les toutes premières notes me laissent une impression de parfum pas très harmonieux, très brutal, avec un patchouli qui arrive tout de suite et une rose relativement éthylique, un peu piquante. 

Pourtant, au bout de quelques minutes, une fois le concert de claquettes annoncé, on se laisse bercer par le spectacle qui s'offre sous vos naseaux ; un sillage dense et langoureux, hyper enivrant glisse derrière vous et laisse immanquablement la trace de votre passage. Les sens sont troublés, ce patchouli furieux et cette rose de feu s'accordent aux baumes précieux et sans doute à l'encens captivant pour sonner le cor et résonner de plus belle. Le parfum se fait sensuel et donne envie de ronronner et de courber le corps comme le ferait un chat, et on se laisse happer, ou l'on déteste tout de go.

Rouge cramoisi, telle est la couleur que m'évoque ce parfum épais et tenace, la musique de Carmen également : claquement de claquettes sur le bois, voix qui chantent fort, robes qui volent et mains levées dans un geste sensuel et séducteur comme l'affirmation d'une conquête. Un sillage digne de l'emblématique Patchouli de Réminiscence, un parfum fort mais signé, un caractère de feu, L'Inspiratrice inspire, et m'a dicté ces lignes en ce jour de premiers frimas dans un élan de grand spectacle !

Illustration : Parfums Divine et James Morgan pour Carmen.

jeudi 25 septembre 2014

Epice Marine - Hermes 2013 : vent de mer.

Il y a parfois des parfums avec lesquels on ne se sent pas du tout familier au premier test, voir même qui vous rebutent. Pour Epice Marine, je n'arrivais pas à me détacher de sa filiation avec Déclaration de Cartier, et de cette note marine que je trouvais trop présente, sans chercher à comprendre de la finesse ou des nuances, jusqu'à ce jour, où, découvrant le dernier né Cuir d'Ange, je décide de franchir le pas et de le tester sur une plus longue période, détendu car en vacances sous un soleil radieux et en Bretagne. Et c'est alors qu'une sorte de connexion se fait, et le parfum se dévoile avec des évidences que je ne voulais pas voir. 

Evidence du propos, évidence de la finesse du trait, évidence de la subtilité du traitement et de la maitrise des matières, y compris la note marine et salée sur laquelle je faisais un blocage injustifié de toute...évidence ! 

Epice Marine mêle en effet le savoir faire d'un parfumeur sensible et exigent au talent d'un marieur d'épices, mais aussi l'esprit de deux épicuriens qui savent apprécier leur environnement, qui le lisent, qui le sentent et le vivent. 

Comment alors ne pas voir que ce parfum conjugue le meilleur d'un air marin iodé d'une finesse aussi douce que les embruns portés par un vent breton, chargés de sables dont l'effet est provoqué par une note qui ressemble à l'ambre gris ? Salin, il l'est, fumé et épicé, il l'est aussi, mais si, comme moi, vous appréciez les whiskies écossais Islay single malt, dans lesquels vous aurez compris sans a priori qu'un glaçon permet de faire ressortir ces notes iodées, fumées et toutes les nuances épicées et tourbées qui vont avec, vous ne pouvez que vous sentir charmé de porter un parfum comme celui-ci ! Quelle finesse, quelle élégance !

A tel point que Déclaration, senti en comparaison, vous parait bien fade, presque brutal, comme taillé dans la masse, et moins noble. J'ai mis du temps, mais c'est un grand plaisir d'avoir sur soi la sensation permanente de sortir d'un bain de mer léger, frais et vivifiant, comme une bonne brise, comme un souffle qui porterait en lui le sable, l'eau, le bois, le feu et surtout, un bel assemblage
d'émotions pures et sincères. 

Illustrations : font de vent de mer et Hermes. 

jeudi 28 août 2014

Shalimar souffle de parfum - Guerlain 2014 : dans le souffle d'un instant ?

Et si Shalimar, dans un souffle, nous emportait dans un monde très Guerlain, mais qui n'est pas exactement là où on l'attend ?

Après le relatif échec commercial, mais pas olfactif de Shalimar Initial, il semble que cette nouvelle déclinaison du nom Shalimar tente un repositionnement pour conquérir là où l'autre à échoué. La marque revendique clairement que Shalimar souffle de parfum ne reprend pas exactement ce que les habituées connaissent, et si cela peut certes dérouter, le parfum, lui, s'avère bien construit et intéressant mais nous emporte dans univers ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre.

Plus minimaliste que les autres Shalimar, moins oriental, c'est du coté des travaux déjà proposés par Thierry Wasser et de l'Instant pour Homme notamment que Shalimar souffle de parfum va chercher son empreinte : une signature boisée, verte, inédite dans l'univers Shalimar mais pas inconnue chez Guerlain vient jouer avec les notes ambrées, florales et cuirées de l'original, qui laissent pourtant entrevoir, par le traitement de la composition et dans son harmonie, une filiation bien marquée avec la référence. Cette signature, toute droit sortie de la Cologne 68, de Habit Rouge Sport, de Guerlain Homme Intense et de l'Instant pour Homme, qui joue également avec les notes amandées et croquantes, apporte un peu de modernité et fait connecter ce nouvel opus avec les références actuelles de la marque.
 
Ainsi, il ne faut pas s'attendre à voir dans ce nouveau bébé ne serait ce qu'un air de Shalimar, mais plutôt une évocation en sourdine de ce parfum emblématique, aussi légère que le souffle d'un voile et qui apporte un sceau bien Guerlain, mais pas forcement "Shalimaresque" !

L'ensemble est harmonieux, signé, mais a plutôt sa place dans ce que la marque fixe comme nouveaux critères que dans ses références historiques. Curieusement, il se serait appelé L'Instant pour Homme Eau Verte par exemple qu'il aurait été tout aussi cohérent ! Les amatrices, et pourquoi pas aussi les amateurs (car pour le coup je vois parfaitement un homme le porter) de ce nouveau style Guerlain y trouveront leur compte, dans une vision actuelle, les autres, les inconditionnels du "vrai" Shalimar, eux, risquent d'être déçus. Au moins, chacun pourra y trouver son compte !
Illustrations : Guerlain, Rolf Amstrong.

mardi 12 août 2014

Violette Sacrée - Au Pays de la Fleur d'Oranger 2014 : violette magicienne ?

Quand il s'agit de traiter la violette en parfumerie, il est difficile d'éviter l'écueil de l'archétype véhiculé par la violette Berdoue, qui vous renvoie son cliché chimique et sucré pas vraiment traité dans la finesse. Pourtant, parfois, de belles surprises émergent, comme si elles venaient d'une autre planète ! C'était déjà le cas avec Stephen Jones de Comme des Garçons, alors parée d'aldéhyde et de poudre, elle se voulait magnétique et attractive. Violette Sacrée de Au Pays de la Fleur d'Oranger, elle, est de ces fleurs magiciennes, extraordinaires, et qui dévoilent des facettes là où l'on ne s'y attend pas. 

De la violette ? Bien sûr que oui, elle ne peut le renier, mais ici, on est loin du cliché : elle se dévoile avec finesse et justesse, comme si la fleur avait été chercher dans la nature les composants les plus fins pour les condenser dans un flacon, joli qui plus est ! Jean Claude Gigodot, par le jeu de textures diverses permises entre l'absolu feuille de violette et les diverses ionones et methylionones qui composent la palette du parfumeur, réussit le tour de force de la sortir de ce à quoi la parfumerie nous avait habitué jusqu'à ce jour pour mieux la remettre au coeur de la nature, dans un champs violet qui sent le "vrai" et la vraie fleur. Elle se dessine alors sous des traits complexes et riches, allant de la note violette que l'on connait à des facettes boisées presque cuirées sans doute apportées par les notes très "peau" du bois de gaïac. Sans tomber dans le cliché d'un jeu habituel trop poussé, l'iris se montre, ponctué de quelques aldéhydes bien discrets, juste pour accompagner l'envolée en douceur. Simplement, les ionones déploient des notes croquantes comme la grenadine, et s'habillent de noisette et d'une note de mie de pain grillée. Ensuite, c'est un joli sillage floral rosé et jasminé d'un bel effet "transparent" qui s'exprime. Le fond, boisé, très subtilement ambré laisse deviner un vétiver très clair, qui donne l'impression de s'accrocher à merveille avec le reste. Ainsi, à certains stades de son évolution, le parfum me rappelle à la fois Vétiver Tonka, celui de Carven et même celui de Guerlain, très "violette" lui aussi, mais toujours par a-coups, sans parenté évidente.

Sans trop m'avancer car je garde de la nuance, j'aurais presque envie de dire que Violette Sacrée fait partie des plus beaux parfums que j'ai senti. L'équilibre est d'une finesse rare, les notes agissent de manière assez magique sur peau, le sillage est discret mais présent, et l'ensemble résonne avec des familles qui me sont chères : vétiver, iris, cuir et fleurs iridescentes ! 

Un vrai coup de coeur et un vrai bonheur à porter, une violette parfaitement naturelle, androgyne et magicienne qui n'a jamais si bien porté son nom ; lumineuse, radieuse, elle est sacrée ! 

Illustrations : stock d'images Shutterstock, Collection Les Inédits de Au Pays de la Fleur d'Oranger. 
Sites et liste des points de vente : shutterstock ; Au Pays de la Fleur d'Oranger:

samedi 26 juillet 2014

Only the Brave Wild - Diesel 2014 : mi figue, mi raisin ?

Il y a parfois des surprises là où l'on s'y attend le moins. A l'approche du flacon de Only The Brave Wild avec tout son attirail de campeur militaire, je craignais le pire : encore un peu de dhmol habillé de notes boisées qui font bien mec, ou une bombe explosive gavée pour affronter tous les combats. 

Et bien non, ce parfum installe un univers bien à lui pour nous emporter dans une espèce de verdeur à la fois familière et sauvage, qui sait rester masculine sans tomber dans le cliché, et curieusement, une douceur apaisante et calme.  Comme si ce campeur avait su transmettre dans l'esprit du parfum ce coté contemplatif de la nature avec ce qu'elle peut donner en bonnes ondes. Il nous projette dans les grand espaces, dans les eaux des cascades de la forêt vierge et sur les cimes des plus beaux sommets.

Comme son grand frère Only the Brave mettait en avant une note de datte confite que je trouvais très intéressante, ce Wild, lui, met l'accent sur une verdeur acidulée entre le raisin vert-mangue mêlée d'un accord coco boisée qui évolue sur une figue assez pointue, qui rappelle par certains aspects les premiers Paul Smith. On retrouve en filigrane un peu la trame, très très légère, de la signature de l'original, mais le dhmol s'est mis en sourdine et les bois se sont fondus dans cette figue lumineuse. La datte confite peut se deviner, mais c'est purement subjectif de ma part.

Il n'est pas si sauvage, certes, en tout cas pas autant qu'un Chaman's party de Honoré des Prés, mais il apporte une touche d'originalité bien croquante comme la verdeur des feuilles d'une forêt vierge explorée par un esprit aventurier, et il va plus loin dans l'originalité et la construction olfactive qu'un Yves Rocher Homme Nature, qui avait aussi ce croquant vert et sauvage.

Mi figue, mi raisin ? Pas du tout, Only the Brave Wild  l'est dans son accord figue-raisin vert, mais il est parfaitement travaillé et équilibré pour un parfum de grande diffusion. Dans cette année 2014 pas si mal au final, il semblerait que la parfumerie masculine de grand public retrouve des couleurs et ose des petites choses originales ! Enfin ? 

Illustrations : contemplation de Djanet et Diesel.

samedi 5 juillet 2014

Wasamba - Parfums d'Empire 2009 : que la paix soit avec toi.

Quand il s'agit de traiter l'encens en parfumerie, les pistes qui se présentent à vous sont diverses. Faut il le travailler en solinote, au risque de tomber dans le cliché, et quelle facette de cette résine est il intéressant de mettre en avant : la coté camphré, le coté boisé, les notes chaudes et balsamiques ou le petit coté terreux de la résine ?

Marc Antoine Corticchiato semble avoir voulu en explorer toutes ces facettes, comme s'il avait cousu les autres notes autour de la résine, qui à la base est une note assez puissante et sans compromis. Le résultat est un encens très pur, jamais déséquilibré dans son évolution et juste dans on évolution sur peau. Wasamba est ainsi très camphré au départ, boisé dans son évolution comme si le cèdre chopait l'encens pour mieux s'y accrocher. Un accord qui me fait penser à de la  prune confite cher à son auteur vient faire la pirouette pour s'allier ensuite à des notes moussues, très légèrement terreuse, comme si nous étions à la lisière d'une forêt et comme dans l'Eau Trois de Diptyque, un autre encens. Il se raconte que le ciste labdanum ne serait pas étranger à cet effet.

Ce que j'aime dans Wasamba, c'est justement cet accord fruité, original et qui n'est pas à priori quelques chose auquel on penserait autour d'un encens, mais qui s'avère très cohérent car dans le cyprès et le fir balsam, il y a des facettes fruitées. Très prune confite / narguilé à la pomme en coeur de parfum, cet accord fruité s'avance vers une association de muscs blancs et de cétone framboise qui donne un coté très doux et attachant qui me fait penser à Mûre et Musc et qui s'accroche à la peau tout en "appuyant" l'encens.

Il résulte de tout cela un parfum beau, calme, reposant, fidèle à la peau et qui laissera derrière vous un sillage discret mais présent. Wasamba, un parfum pour se recueillir, pour se retrouver, serein et en paix, un jour de pluie comme aujourd'hui par exemple ! 

 Illustrations : Parfums d'Empire, un encens qui brûle.

jeudi 26 juin 2014

C'est une belle journée...

Il y a des matins comme cela, où vous vous levez le sourire aux lèvres en sachant dans le fond, que votre journée ne sera pas comme les autres. Pourquoi ? Parce que vous aimez les parfums, et qu'elle sera marquée, au fil des heures, par de belles découvertes, des surprises, des rencontres et des avancées. 

Tout commence le matin tôt : vous n'avez pas beaucoup dormi car dans votre tête trainait l'idée de finaliser vos formules au propre afin de les envoyer au laboratoire qui vérifie la conformité IFRA. Une étape importante, avec un espoir qu'il n'y ait pas trop de modifications à faire, et qu'une suite sera possible.

Vous rejoignez ensuite votre amie PoivreBleu qui vous apprend que son premier atelier va voir le jour, ce qui vous met en joie car elle le mérite et sachant son goût, sa passion et sa motivation, vous ne pouvez qu'encourager cela. Toutes les infos sont ici. 

Vous prenez ensuite le chemin d'un grand magasin parisien où une marque que vous connaissez assez peu en fait vous présente une partie de sa collection : et là, vous découvrez que ces parfums vous parlent, et que, bien que certains soient un peu trop dans la lignée de choses que vous connaissez et font écho à Le Mâle, Hypnotic Poison, L'Eau d'Hadrien et Premier Figuier, d'autres au contraire, sont capables de vous transporter au plus profond d'une culture italienne qui vous est chère et familière. Vous devinez alors que la gourmandise, les petits biscuits glacés, le limoncello, l'expresso, l'amaretto, les amandes, les liqueurs aromatiques, le sable, la mer, les herbes de la méditerranée, une balade en sous bois et un bon whisky tourbé dans un fauteuil en cuir, l'odeur d'une église et celle des anges sont des choses qui vous parlent d'un pays que vous adorez. A vos yeux, les plus représentatifs de tout cela, les plus italiens et les plus "Profvmvm" seraient Battito d'Ali, un gourmand liquoreux espiègle et juste, peut être parce qu'en Italie, les anges descendent du ciel plus qu'ailleurs, et Olibanvm, un encens cèdré et cuiré très équilibré, parce qu'ils se posent dans les églises ? Vous oubliez alors les premiers et comprenez que Profvmvm Roma est empreinte de cette culture, de ce goût "vivant" des choses et de la vie, de sens en éveil et de cette lumière si particulière là bas, de l'autre coté des Alpes. Les fondateurs de la marque, une famille unie, s'expriment avec des mots, mais aussi avec les mains pour évoquer des "émozione" vécues. Vous vous dites alors que, même si pour vous, ce n'est pas forcement de la grande parfumerie de prestige, elle est honnête et créative, mais vous retenez aussi que la gourmandise est un fil conducteur qui peut être traité avec goût, originalité et délicatesse, et pas à la truelle comme peuvent le faire certains rouleaux compresseurs. Sorisso, le dernier né, vous donne même le sourire, avec son chocolat amer, ses notes de rhum et de baileys, et son café liquoreux !



Votre chemin continue, et vous changez de destination avec l'intuition que quelque chose de bien vous attend. Vous étiez tombés quelques semaines auparavant sur les photos de jolis flacons de Le Galion que vous connaissiez, mais que vous n'aviez pas encore vu en rayons. Vous vous renseignez, et ils vous apprennent alors que la marque va revivre très bientôt, et sont alors ravis de vous inviter au re-lancement. Et là, c'est une révélation, un choc, une grande émotion, un "wouahou" ! Sortilège, leur chef de fil et parfum emblématique réussit à vous faire traverser un demi siècle d'histoire du parfum en un pshitt, en traçant une ligne directe entre Diorella, Diorama, Diorling, Eau fraîche et Eau Sauvage, Arpège, Femme, N°5, Gold et j'en passe, et Special for Gentlemen achève de vous mettre à genoux quand il se love sur votre avant bras par ses réminiscences d'Eau d'Hermes, de Jicky, de Shalimar mais aussi de fougères ambrées très masculines. 

Richesse des matières et des compositions, fond sublimes, élégance des formules, justesse et équilibre technique, flaconnage simple et cohérent, qualité du verre, du packaging et de la vaporisation, et surtout, sincérité et pétillement du regard de la fille de Paul Vacher le fondateur de la marque en 1930, et des propos de Nicolas, à l'initiative de cette renaissance. Vous applaudissez, vous pleurez en redécouvrant ces parfums (sincèrement pour mon cas en tout cas pour les deux parfums cités), et vous vous dites qu'il y a d'autres voies et d'autre voix possibles que le dhmol + cédramber + vanille ou oud à la louche en parfumerie haut de gamme, enfin !!
Votre journée s'achève chez des amis qui découvrent ce que vous faites et vous vous sentez très émus quand l'un d'entre eux tombe sous le charme d'une de vos créations qui lui va plutôt bien, et que les futurs flacons plaisent, même si un travail sur les étiquettes semble indispensable, et oui ! 

Voilà, vous êtes un peu comblés, vous dormez assez mal, mais un article en sort en ce lendemain matin. Etait-ce un rêve ? Non, une belle journée.

 Illustrations : angels falling from the sky, Profumum Roma, Le Galion.

jeudi 12 juin 2014

Rouge Hermès - Hermès 2000 : nuit magique.

Vous êtes vous déjà posé la question de ce que pourrait bien sentir une nuit magique ? Une nuit, que vous n'oublierez jamais, unique. Pour moi, elle pourrait bien avoir l'odeur de Rouge Hermès !

Une sophistication oubliée, que l'on est plus près de revoir dans les dernières sorties, car c'est comme si elle avait disparu de la tête du grand public et du coup, de l'esprit des marques. Une tenue comme on en voit plus et un sillage d'un chic inimitable. Rouge Hermès, d'abord né sous le nom de Parfum d'Hermès a revu le jour tout de rouge vêtu histoire de retrouver une nouvelle identité plus visible à l'aube du troisième millénaire !

Vu qu'il véhiculait en lui l'identité de la marque à l'origine, ce parfum se devait de porter en lui tous les gènes qui ont fait sa réputation, avec un "je ne sais quoi" de sophistiqué et d'élégant. Ses notes de tête aldéhydées et l'envolée légèrement métallique font écho à Calèche et Amazone. Nous sommes alors dans la soie la plus raffinée de la maison, mais très vite, quelque chose de doux et poudré dévoile avec finesse une trame de rose, d'iris et d'ylang. Le bois, le pli Hermès prend alors une forme olfactive, les fleurs se font discrètes pour laisser le cèdre et le santal dialoguer dans un accord des plus finement travaillé qui ondule. Sur les notes de fond, c'est un cuir retourné de suédine qui est suggéré, doux, caressant, onctueux : styrax, ciste labdanum, baume de tolu, myrrhe et sans doute un peu de vanille charnue dévoilent toute leur suavité.

Rouge Hermès est doux, chaleureux, très confortable et tellement en adéquation avec la marque, dans un parfum singulier, unique et décalé de nos jours. Depuis, Hermès a pris un virage olfactif sous l'impulsion de Jean Claude Ellena, mais il représente tout de même une époque, et un pan du style et de l'histoire de la marque. Il est bon de le redécouvrir, et c'est au détour d'une brocante, dans un joli flacon ovale rouge vendu trois francs six sous qu'il s'est offert à mon nez, il en restait si peu ! Celles qui l'adopteront assumeront complètement ce coté sophistiqué, racé, ultra féminin, mais elles laisseront aussi dans leur sillage poudré si chic les traces de ce que pourrait être une nuit magique ! Merveilleuse ...

Illustrations : event londonien "le petit h" d'Hermès et Rouge Hermès dans son flacon original.


vendredi 6 juin 2014

Rose d'Homme - les Parfums de Rosine 2005 : calme du levant.

Rose d'Homme, disons le tout de suite, fait partie de mes parfums préférés et je le porte régulièrement, surtout pour des diners entre amis ou une sortie dans un bon restaurant. Fidèle compagnon d'une tenue plutôt habillée, casual chic, il me rappelle sans doute aussi un des parfums qui m'a bercé dans mon enfance, je parle là le Miss Dior, le vrai l'authentique, que portait ma grand mère. 

Je retrouve en effet dans Rose d'Homme ce chypré vert si particulier, appuyé de galbanum, de mousse de chêne, de patchouli et d'une pointe d'encens. Ce parfum me semble très compact, tellement les notes défilent en harmonie et sans rupture, avec une certaine constance. Le parfum est complexe, riche, et l'on y devine une tête de bergamote bien charnue évoluant sur des aromates (peut être un peu de thym) et des épices (poivre noir). La lavande et le géranium jouent de concert pour accentuer l'effet "parfum d'homme", élégant et propre, comme toute bonne fougère qui se respecte. Il s'arrondit ensuite dans un accord miellé, constitué sans doute d'un peu de vanille, de baume de tolu, de vétiver, de cèdre, puis très vite vient le cuir, souple mais légèrement tanique. Par certains aspects, il évoque également les encens indiens classiques, que l'on trouve dans les boutiques à thème, ou l'encaustique, voir même la colophane. Bien sûr, la rose, et même peut être une pointe de tubéreuse donnent du liant et la tonalité générale. 

Pour moi, la plus belle évocation de ce parfum est celle d'un temple japonais, construit en bois ciré, entouré de roses ou d'autres fleurs olfactivement proches. Au Japon, j'ai beaucoup senti cette odeur autour des temples et sur les gens. Il parait qu'il se vend bien dans ce pays que l'on imagine sentir le shampoing à peine distinctif. Mélange d'encens et des feuilles de patchouli qui entourent ces temples en abondance, qui sait, peut être est-il imprégné de culture japonaise ?

Rose d'Homme est un samouraï, un homme de caractère mais d'une élégance à toute épreuve, et qui ne se laisse jamais abattre, et aussi calme qu'un lever de soleil sur le mont Fuji. Quoi, vous avez dit petite merveille ? Pensez donc, allez sentir l'extrait, vous m'en dire des nouvelles. Stop, je défaille !

Illustrations : Marc Chapaud - Temple japonais, Les Parfums de Rosine. 

mardi 20 mai 2014

Black XS Potion For Her - Paco Rabanne 2014 : walk like an egyptian !

55 euros pour 80ml avec 20% que l'on peut obtenir facilement. Ce facteur est à retenir avant de parler de Black XS Potion For Her. Pourquoi ? 

Parce que ce parfum a le mérite de replacer le curseur vis à vis de certains parfums de niche, vendus 3 fois ce prix et achetés le plus souvent par snobisme mais face auxquels, au final, il n'a absolument pas à rougir. La toute première impression est assez éloignée du parfum original, avec une sensation qui fait immédiatement très "niche" actuelle. Tout en reprenant la note pâte sablée gourmande de son ainé, Black XS Potion se fait beaucoup moins sucré, pour se développer autour d'un accord rose-oud, cuir et bois, saupoudrés de fruits noirs et croquants pour un effet très mat et sourd. Le parfum se fait ensuite très enveloppant dans une texture presque chyprée de rose, de patchouli et de muscs d'un effet très laineux tout juste ourlé d'un accord assez "prune confite". 

Ce qui surprend, c'est l'équilibre général, car aucune de ces facettes rose fruitée, boisée, gourmande, épicée, cuirée, confite ou oudée ne domine plus que l'autre et le tout reste parfaitement à sa place. Tout juste peut on lui reprocher un peu de "bois qui piquent", mais ils se tiennent sous contrôle, sans surdose au quotidien, et au final, cette potion séduit, envoute, charme, un peu comme une sorte de Portrait of a Lady plus accessible. Il pourrait presque rendre jaloux certains Kilian, et ces bois sont même moins prononcés que dans un Straight to Heaven par exemple ! La façon dont le parfum se love sur la peau, dans une sensation de laine "mohair" et de cuir noir assez souple, son équilibre, son sillage, son caractère affirmé en font pour moi un parfum qui pourrait être une sorte de représentation olfactive du khôl égyptien, épais, sombre, profond mais soulignant le regard et la personnalité.

Aux cotés des blockbusters que sont les Invictus et One Million, on reste assez fidèle aux notes qui marchent, certes, mais Black XS Potion for her propose une alternative intéressante à bien des parfums plus prétentieux et bien plus onéreux. Chez pas con Rabanne, on marche comme un égyptien, sur le coté, une main devant une main derrière, en lorgnant sur ce qui se passe, à tâtons, pour voir si ça fonctionne. Peut être que s'il plait, il intègrera la gamme ? Il serait pour moi le pendant logique de Black XS for Him l'orignal qui se suffit largement à lui même. Et s'il pouvait virer les l'Excès et l'Aphrodisiaque autour de lui, ça ferait du ménage et ce serait bon pour nos narines car s'il ne devait en rester qu'un, ce serait celui là ! Il est, en outre, suffisamment sourd pour être androgyne.

Illustrations : peinture autour du thème du khôl, Paco Rabanne. 

mardi 13 mai 2014

New York - Nicolaï 1989 : lumière d'or sur big apple.

New York, qu'est ce que cela peut bien évoquer ? La grandeur, les skyscrapers, le show, le jazz, Broadway et les comédies musicales, les pubs, la bouffe, le bourbon, mais aussi une formidable skyline et une histoire chargée de tradition irlandaise. 

Oser donner le nom de cette ville mythique à un parfum est un pari risqué, casse-gueule même, car celui-ci se doit d'être à la hauteur des attentes ! Et le moins que l'on puisse en dire, c'est qu'il assure bien son rôle.
New York est un parfum aux multiples visages, qui, chaque fois qu'on le porte, saura causer sur vous de manière différente et exprimer ses multiples facettes comme la ville de New York dévoile ses surprises à chaque coin de rue. Dans sa structure, New York dévoile une envolée dorée par les agrumes et plus particulièrement l'orange amère et la bergamote. Elle se fond ensuite sur une partition de bois cirés et de miel, pour s'alanguir sur un lit de vanille et de baumes. Ce qui surprend, c'est la rigueur avec laquelle tout cela s'articule et surtout, la façon dont cette structure bouge sur peau. Parfois frais, léger et lumineux car les agrumes remontent, New York peut, une heure plus tard dévoiler une facette "chocolat amer" d'un bel effet gourmand ou, quelques instants après, un bois lacté très doux et caressant, une fougère qui rappelle le barbier, les notes fumées d'un feu de bois ou même un accord de miel et d'encaustique envoûtant. 

Parfaitement en adéquation avec son nom et avec les multiples facettes que big-apple peut dévoiler tout au long d'une journée, New York serait pour moi la capture olfactive idéale de ce moment précis où le soleil vient frôler les façades des gratte-ciels pour dévoiler une couleur dorée qui retient notre souffle. Il cache en lui le son d'un saxo, la voix rauque d'un jazzman, le cuir et l'alcool d'un bon pub, et un soupçon de "so british" d'une rare élégance.

Luca Turin disait de lui que c'est un parfum culte, rien que pour sa beauté simple mais chatoyante, il le mérite grandement. 25 ans, et c'est sans doute LE parfum emblématique de la marque, LE Nicolaï à connaitre, et à porter bien sûr !

Illustrations : cocher de soleil sur New York, parfums de Nicolaï.